Au Grand-Bornand, la phobie des verts ferait-elle virer les comptes de la commune au rouge ?
Que ce soit dans la presse écrite ou bien lors d’interview télévisées, le maire du Grand-Bornand arbore sa parure verte pour scander à qui mieux mieux, que, non, ce n’est pas un horrible destructeur d’espaces verts pour une économie du tout ski et que, oui, il y a belle lurette qu’il s’est engagé sur la voie de la transition écologique, de la protection du patrimoine environnemental et de la tradition. Le tout, sans que le rouge de la honte ne lui monte à la figure. Mais se rend-il compte que dans son habit vert, il ressemble plus au petit bonhomme vert CETELEM bardé de crédits et d’emprunts que d’un maire veillant jalousement à la protection du bien commun aussi bien environnemental que culturel ? Que nul n’est dupe, tout du moins dans la commune et le haut de la vallée de son discours vert plein de duplicité et d’hypocrisie qui fait rire jaune et fait monter une colère noire due à sa peur bleue de l’écologie dont il aime, pourtant tant à se parer ?
C’est pourquoi le Pique Cul publie une étude des comptes 2020 de la mairie postée sur le site de l’association “Protégeons la Joyère” et à laquelle le Pique Cul a ajouté un second alinéa en fin d’article qui lui semble judicieux.
L’étude
D’après notre analyse des comptes administratifs 2020, le “capital restant dû” (ce qui reste à rembourser) de toutes les dettes contractées par le Grand-Bornand, se montait fin 2020 à 59,8 millions d’euros.
Sachant qu’il y environ 2100 habitants au Grand-Bornand, le capital restant dû par habitant se monte donc à 59,8 millions Euros / 2100 habitants, soit une dette de 28500 Euros par habitant ! (1)
En regardant de plus près, nous constatons :
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Que 70% de cette dette est en fait liée au ski alpin (41,3 millions sur 59,8 millions d’Euros).
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Qu’au cours des 7 années des mandats de notre maire et de ses conseils municipaux (soit de 2014 à 2020), la mairie a emprunté 3 fois plus pour le ski alpin qu’au cours des 7 années précédentes.
Depuis la prise de fonction de notre maire actuel, nous avons donc une dette et des annuités (5 millions d’annuités en 2020) qui augmentent chaque année alors que les recettes ski (qui vont à la SAEM) évoluent peu (marché du ski alpin est en stagnation). (2)
Le salut semble être d’augmenter les recettes de la Taxe d’Aménagement. La Taxe d’Aménagement est la taxe que chaque nouvelle construction doit acquitter. Elle est proportionnelle à la surface plancher des constructions.
Donc, plus il y a de constructions, plus ces constructions sont massives, et plus il y a des revenus importants pour le Grand-Bornand. Ceci expliquerait l’urbanisation effrénée de notre ‘village’. La tentative avortée (jusqu’à présent) du club Med à la Joyère en est un exemple comme celle de la future construction d’un méga complexe d’appartements par Kaufman & Broad.
On encourage et facilite la multiplication de grands projets immobiliers qui rapportent des millions quitte à vendre l’âme de notre village aux promoteurs. A part certains coins préservés, on transforme le Grand-Bornand en station dortoir à l’image des stations des années 70. L’histoire se répète. Nous avons déjà plus de 4000 logements secondaires, mais au regard du besoin d’argent, ce n’est pas assez.
A ce propos et qui valide notre opinion, Il se fait que notre maire a participé activement à la rédaction d’un livre blanc qui sera remis “aux pouvoirs publics”. Ce livre blanc ne demande rien d’autre que de faire sauter les verrous administratifs et la limitation des recours (sic)!, bref notre maire veut les pleins pouvoirs pour accélérer l’urbanisation “entre-soi”.
Donc, d’un côté on vend des traditions, des images cartes postales, des belles fermes centenaires, des vaches, l’art de vivre à la montagne et on ne se prive pas de faire de beaux discours dans les médias sur la culture montagnarde et la stratégie de diversification du Grand-Bornand (Flocon Vert) et d’un autre côté on bétonne, on urbanise, on terrasse, on grignote la montagne et les alpages et on investit 3 fois plus dans le Ski Alpin. Sans état d’âme, on va même jusqu’à créer des nouvelles routes dans le but de permettre encore plus de nouvelles constructions.
Bref, c’est le “sauve qui peut” pour augmenter les recettes (taxes et journées skieurs) et ce n’est probablement qu’un début. Le conseil municipal brade le Grand-Bornand pour des intérêts à court terme, pari très risqué dans un avenir plus qu’incertain.
(1) Le calcul de notre taux d’endettement est différent du taux d’endettement officiel publié par la mairie, car celle-ci n’est tenue de publier que le taux d’endettement du compte principal. Nous avons tenu à calculer le taux d’endettement de l’ensemble des comptes publics car cela nous semble plus pertinent. De plus, le taux d’endettement est par habitant et non par foyer fiscal.
(2) Dans tous les pays de l’arc alpin, nous constatons que la fréquentation des pistes de ski alpin est soit en stagnation soit en décroissance depuis une dizaine d’années. La force et la faiblesse du Grand-Bornand est qu’elle est très prisée par les Hauts-Savoyards qui ne viennent donc y skier qu’en fonction du temps, de l’enneigement et qui en plus sont sensibles au prix. Ceci explique pourquoi le SCOT Fier-Aravis 2020 (qui reflète la stratégie de notre Maire) préconise le développement du tourisme de masse international à haut pouvoir d’achat (style ‘Club Med’, ensemble d’appartements de luxe, etc.). Convenons que cette stratégie axée vers un autre type de population est très risquée car cette population a un choix à la mesure de son pouvoir d’achat et fonction des conditions d’enneigement.